Véronique PATTE

 

 

Véronique Patte est traductrice de polonais et de russe.

« Il m’arrive de me demander si ma passion de la traduction ne vient pas de mon enfance. Née dans un pays où je jonglais avec deux langues et deux cultures — le français à la maison, le flamand à l’école — j’étais persuadée que ce jeu était l’apanage de tous et je le pratiquais de manière inconsciente et naturelle. Enfin presque. Je dis bien "presque", car une anecdote me revient à l’esprit : une jolie paire de chaussures rouges avec des brides et des semelles… en crêpe, comme me l’explique maman qui vient de me les acheter. Le lendemain, fière, je raconte à ma maîtresse flamande que j’ai des crêpes sous les pieds, et j’ai vu ses yeux éberlués… Plus tard, après un déménagement en France, je me suis trouvée privée de ce double bain et me suis sentie comme un poisson privé de son élément.

« Et je suis venue à la traduction. Depuis, je vais et je viens entre le français et le russe, le russe et le français ; le français et le polonais, le polonais et le français ; le polonais et le russe, le russe et le polonais. Navettes incessantes qui m’ont donné le bonheur de traduire des dizaines de livres.

« Des émotions, des figures, des personnages, des aventures m’habitent désormais : l’insoutenable cruauté la de guerre décrite par Arkadi Babtchenko, l’inclassable Jacques Rossi, la ferme et douce Roza du roman éponyme d’Igor Sakhnovski, La Vie songeuse de Leonora de la Cruz, d'Agnieszka Taborska, les voyages poétiques en Afrique et ailleurs, où Ryszard Kapuściński m’a embarquée…

« Les merveilleuses allées et venues de mon enfance ne m’ont jamais quittée. »